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>   Souffle  

>   Passage  

>   Geste


La rencontre avec la peinture de Lynski est respiration,

rythme, expérience accordée à la nature du monde, souci de l’origine, quête du sens.

On peut y lire en filigrane tout un itinéraire personnel,

une vision du monde singulière, accordée à la peinture.


L’émotion suscite en nous, les échos perçus entre la nature et le peintre lui-même.

Le dessin, la peinture et la calligraphie ont partie liée : rythmes,

ils sont l’axe général autour desquelles viennent naturellement se greffer son travail de plasticien.

 

Une peinture dont la matière contient les opacités et les transparences de la présence qu’elle évoque.

En abîme, cette ombre sonore dont on ne saurait se saisir,

ce gouffre ouvert sur la lumière noire, l’amplification de ce rapport intime à la tentation de voir.

Où se tient sans commencement ni fin, la présence d’une humanité dense, libre, muette.

Visible et sonore dans cette écriture picturale.

 

Lynski découpe le visible.

Une peinture solide, sourcée aux grands viviers des anciens où se joue et se créé sans cesse l’Univers.
Sa peinture témoigne d’un singulier tremblement des ocres et des noirs,
des terres et des blancs, sur les veines de la lumière, sur le frisson de l’ombre,

au sein du Khaos.


Formes et couleurs éclosent d’une main qui inclut la grammaire de l’écriture

dans la musique des correspondances plastiques ;

Excluant toutes formes d’automatisme.
 

Lynski se rêve en se faisant pierre, terre, chair, eau, ramures et humanité.


 

M. Pierre

Docteur ès philosophie

>   Rainer Maria RILKE     

“ Nous ne connaissons pas le contour du sentir, mais seulement ce qui le forme du dehors.”  


Élégies de Duino,

Œuvres poétiques et théâtrales, p. 537, 

Ed. Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1997.

LIVRE I.
ARGUMENT. Description du chaos qui fut changé en quatre éléments. Succession des
quatre âges du monde. Révolte des Géants et leur punition. Déluge. Deucalion et
Pyrrha repeuplent la terre. Apollon vainqueur du serpent Python. Métamorphoses de
Daphné en laurier, de la nymphe Io en génisse, de Syrinx en roseau. Mort d'Argus.
Naissance d'Épaphus.
Invocation.
(I, 1-4)
Inspiré par mon génie, je vais chanter les êtres et les corps qui ont été
revêtus de formes nouvelles, et qui ont subi des changements divers.
Dieux, auteurs de ces métamorphoses, favorisez mes chants
lorsqu'ils retraceront sans interruption la suite de tant de merveilles
depuis les premiers âges du monde jusqu'à nos jours.
Origine du monde.
(I, 5-20)
Avant la formation de la mer, de la terre, et du ciel qui les environne,
la nature dans l'univers n'offrait qu'un seul aspect ; on l'appela chaos,
masse grossière, informe, qui n'avait que de la pesanteur, sans action
et sans vie, mélange confus d'éléments qui se combattaient entre eux.
Aucun soleil ne prêtait encore sa lumière au monde ; la lune ne
faisait point briller son croissant argenté ; la terre n'était pas
suspendue, balancée par son poids, au milieu des airs ; l'océan, sans
rivages, n'embrassait pas les vastes flancs du globe. L'air, la terre, et
les eaux étaient confondus : la terre sans solidité, l'onde non fluide,
l'air privé de lumière. Les éléments étaient ennemis ; aucun d'eux
n'avait sa forme actuelle. Dans le même corps le froid combattait le
chaud, le sec attaquait l'humide ; les corps durs et ceux qui étaient
sans résistance, les corps les plus pesants et les corps les plus légers
se heurtaient, sans cesse opposés et contraires.
- 5 -Séparation des éléments.
(I, 21-75).
Un dieu, ou la nature plus puissante, termina tous ces combats,
sépara le ciel de la terre, la terre des eaux, l'air le plus pur de l'air le
plus grossier. Le chaos étant ainsi débrouillé, les éléments
occupèrent le rang qui leur fut assigné, et reçurent les lois qui
devaient maintenir entre eux une éternelle paix. Le feu, qui n'a point
de pesanteur, brilla dans le ciel, et occupa la région la plus élevée.
Au-dessous, mais près de lui, vint se placer l'air par sa légèreté. La
terre, entraînant les éléments épais et solides, fut fixée plus bas par
son propre poids. La dernière place appartint à l'onde, qui, s'étendant
mollement autour de la terre, l'embrassa de toutes parts.
[32] Après que ce dieu, quel qu'il fût, eut ainsi débrouillé et divisé la
matière, il arrondit la terre pour qu'elle fût égale dans toutes ses
parties. Il ordonna qu'elle fût entourée par la mer, et la mer fut
soumise à l'empire des vents, sans pouvoir franchir ses rivages.
Ensuite il forma les fontaines, les vastes étangs, et les lacs, et les
fleuves, qui, renfermés dans leurs rives tortueuses, et dispersés sur la
surface de la terre, se perdent dans son sein, ou se jettent dans l'océan
; et alors, coulant plus librement dans son enceinte immense et
profonde, ils n'ont à presser d'autres bords que les siens. Ce dieu dit,
et les plaines s'étendirent, les vallons s'abaissèrent, les montagnes
élevèrent leurs sommets, et les forêts se couvrirent de verdure.
Ainsi que le ciel est coupé par cinq zones, deux à droite, deux à
gauche, et une au milieu, qui est plus ardente que les autres, ainsi la
terre fut divisée en cinq régions qui correspondent à celles du ciel qui
l'environne. La zone du milieu, brûlée par le soleil, est inhabitable ;
celles qui sont vers les deux pôles se couvrent de neiges et de glaces
éternelles : les deux autres, placées entre les zones polaires et la zone
du milieu, ont un climat tempéré par le mélange du chaud et du froid.
Étendu sur les zones, l'air, plus léger que la terre et que l'onde, est
plus pesant que le feu.
[54] C'est dans la région de l'air que l'auteur du monde ordonna aux
vapeurs et aux nuages de s'assembler, au tonnerre de gronder pour
effrayer les mortels, aux vents d'exciter la foudre, la grêle et les
frimas ; mais il ne leur abandonna pas le libre empire des airs. Le
monde, qui résiste à peine à leur impétuosité, quoiqu'ils ne puissent
franchir les limites qui leur ont été assignées, serait bientôt
bouleversé, tant est grande la division qui règne entre eux, S'il leur
était permis de se répandre à leur gré sur la terre !
Eurus fut relégué vers les lieux où naît l'aurore, dans la Perse, dans
l'Arabie, et sur les montagnes qui reçoivent les premiers rayons du
jour. Zéphyr eut en partage les lieux où se lève l'étoile du soir, où le
- 6 -soleil éteint ses derniers feux. L'horrible Borée envahit la Scythie et
les climats glacés du septentrion. Les régions du midi furent le
domaine de l'Auster pluvieux, au front couvert de nuages éternels ; et
par-delà le séjour des vents fut placé l'éther, élément fluide et léger,
dépouillé de l'air grossier qui nous environne.
À peine tous ces corps étaient-ils séparés, assujettis à des lois
immuables, les astres, longtemps obscurcis dans la masse informe du
chaos, commencèrent à briller dans les cieux. Les étoiles et les dieux
y fixèrent leur séjour, afin qu'aucune région ne fût sans habitants.
Les poissons peuplèrent l'onde ; les quadrupèdes, la terre ; les
oiseaux, les plaines de l'air.
Création de l'homme.
(I, 76-88).
Un être plus noble et plus intelligent, fait pour dominer sur tous les
autres, manquait encore à ce grand ouvrage. L'homme naquit : et soit
que l'architecte suprême l'eût animé d'un souffle divin, soit que la
terre conservât encore, dans son sein, quelques-unes des plus pures
parties de l'éther dont elle venait d'être séparée, et que le fils de
Japet, détrempant cette semence féconde, en eût formé l'homme à
l'image des dieux, arbitres de l'univers ; l'homme, distingué des
autres animaux dont la tête est inclinée vers la terre, put contempler
les astres et fixer ses regards sublimes dans les cieux. Ainsi la
matière, auparavant informe et stérile, prit la figure de l'homme,
jusqu'alors inconnue à l'univers.

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